mercredi 10 septembre 2025

Elle s'appelait Loan, par Piet Legay

Fleuve Noir, Anticipation - 1982 

France, langue française.


Al Key a retrouvé Loan. Il l’a retrouvée sur ce monde si noir, ce monde bien plus vieux que la terre, gouverné par les Anciens aux pratiques de survie effroyables.
La belle brune, qui se faisait appeler Loanely Hooper - mais dont le vrai nom est Alkrona - exerce une profession terrible sur sa planète sans soleil. Une profession qui lui demande une neutralité absolue face aux humains. Cependant, ce qu’elle ressent pour cet homme hors du commun est bien plus fort que ce qu’elle n’a jamais ressenti. Est-ce pour cela qu’elle prendra tous les risques imaginables pour le sauver, lorsqu’il s’échappera de cette prison idéale pour détenus inconscients qu’est le jardin ? Est-ce parce qu’elle se sent responsable de sa situation qu’elle va enfreindre les lois édictées il y a de cela plusieurs siècles, au risque de voir s’effondrer ce qu’il reste de sa planète ? Est-ce que cet homme vaut le prix de la traîtrise envers un peuple tout entier ? Les réponses sont pour elle évidentes.
Mais les moyens et les plans échafaudés pour le secourir le sont beaucoup moins, dans ce monde réduit ou chaque recoin est éclairé et placé sous l’œil indiscret des caméras, où chaque individu est fiché et surveillé…

C’est avec grand plaisir que j’ai retrouvé Al Key et Loanely Hooper (de son vrai nom Alkrona, donc) dans cette seconde et dernière partie du cycle - que je baptiserais bien volontiers et avec quelle facilité le cycle de Al & Loan – débuté par un monde si noir. La fin un peu brutale servie par Piet Legay dans le premier épisode se justifie aisément : il s’agit bien là d’un long roman de 360 pages, bien au-delà donc du standard de la collection, scindé en deux pour les besoins techniques de la publication. Je ne sais si la rédaction s’est faite dans l’optique d’une édition en deux volumes, ou si l’auteur s’est simplement fait plaisir en développant son univers et son histoire dans le nombre de pages nécessaires. Quoi qu’il en soit, autant Un monde si noir pourrait se lire seul (même s’il laisse un arrière-goût de fin brutale), autant Elle s’appelait Loan nécessite la lecture du premier volume. Pour dire, donc, que je fus bien soulager de 1/ découvrir en rédigeant ma chronique précédente qu’ Un monde si noir avait une suite et 2/ j’avais acheté cette suite (sans le savoir) dans le lot trouvé durant ce vide-grenier estival. Merveilleuse providence, sois en ici remerciée !
Pour en revenir à l’histoire elle-même : Piet Legay, dans un style fluide et limpide, sans fioritures superficielles, mais avec une belle maîtrise du suspens, nous conte ce qu’il est juste d’admettre une simple, mais belle histoire d’amour interstellaire. Ce qui ressort cependant c’est cet univers particulièrement bien trouvé, bien structuré, effrayant à plus d’un niveau, dans un monde futuriste et lointain inédit. Je me suis fait plusieurs fois la réflexion, dévorant les pages des deux volumes, que cette histoire ferait un magnifique film, voire une série tant elle abonde en rebondissements et est visuellement très riche.
Je ne saurais donc que trop conseiller la découverte de ces livres et note, dans un des multiples recoins de mon tortueux cerveau, le nom de Piet Legay pour de futures lectures.
Une belle découverte.

Photo peut être non libre de droits.
Merci de me contacter si tel est le cas. 

Beaudouin Chailley (né en 1939 et décédé en 2023) a utilisé bon nombre de pseudos pour écrire dans différents genres tels l'anticipation, le polar et le roman de guerre. C'est sous le nom de Piet Legay qu'il a publié plus d'une cinquantaine de titres chez Fleuve Noir dans la collection Anticipation, mais aussi aux excellentes éditions Rivière Blanche chez qui les derniers titres parus sont toujours disponibles.

Elle s’appelait Loan, par Piet Legay (Cycle de Al & Loan, volume II)
Fleuve Noir, Anticipations N°1168
Illustration couverture : Les Edwards
Septembre 1982. 190  pages
ISBN : 2-265-02048-6

(chronique rédigée en 2019, remise à jour à date de publication)

Un monde si noir, par Piet Legay

Fleuve Noir, Anticipation - 1982 

France, langue française.


Al Key travaille comme cosmonavigateur à bord d’un vieux Dolphin YC-10 de la Cosmotraf. Il ne lui reste que deux ans avant d’obtenir sa qualification et prétendre naviguer à bord d’un vaisseau plus gros et plus performant comme le Trident IV ou le Squalus.
Mais il doit ronger son frein, d’autant qu’il est en transit sur la déprimante Phobos et que le répondeur automatique qui vient de le réveiller avec son message répétitif et sirupeux lui fait bien mal commencer sa journée !
Ce qu’il ne sait pas encore, alors qu’il ingurgite un semblant de déjeuner, c’est que cette femme dont il vient de croiser le regard va chambouler sa vie.
Ce qu’il ne sait pas non plus, c’est que parmi les quelques colons volontaires que le capitaine de son vaisseau a été obligé d’embarquer au dernier moment, se trouvera cette femme.
Ce qu’il devine à peine, c’est que les quelques mots partagés à bord avec elle vont hanter ses jours et ses nuits pendants plusieurs semaines.
Ce qu’il ne saisit pas, ce qu’il veut comprendre, c’est pourquoi, après lui avoir fait des avances, elle le fuit pour ensuite disparaître totalement. Alors qu’il pressent que ce qu’il interprète comme un coup de foudre semble bien réciproque.
Ce qu’il sait, c’est que sa vie sera désormais dédiée tout entière à la quête de cette femme, à travers la galaxie et bien au-delà de la Frange…

Mes étagères sont pleines de bouquins divers. Il y a aussi, non loin de mon lit, ce qu’il est commun d’appeler une PàL (pour Pile à Lire). D’ailleurs, dire « une PàL » est incorrect, car le pluriel serait de mise tant s’amassent les livres qu’il me tarde de dévorer.
En plus de ma passion avérée pour le fantastique, se sont révélaient il y a quelque temps déjà deux domaines littéraires dit « populaires » qui prennent de plus en plus d’importance : l’anticipation et l’espionnage/polar.
Certes, il m’a toujours paru évident que je sombrerais un jour aux charmes de ces genres.
Certes, le collectionneur qui m’habite et qui vide mon porte monnaie savait bien que je finirais par craquer devant ces cartons plein de Fleuve Noir croisés à chaque vide grenier estivales.
Je suis faible. Et heureux de l’être. Car oui, j’aime l’objet qu’est le livre. Oui, j’aime sentir cette odeur de vieux papier. J’aime me dire que quelqu’un avant moi, il y a des décennies de cela, a apprécié l’ouvrage que je tiens dans mes mains.
Mais je suis triste, cependant. Car devant le frénétique plaisir que ressent ce collectionneur avec lequel je partage ma vie, le lecteur que je suis se trouve désarmé, voire désemparé, totalement désœuvré devant ces rangées de livres dont il sait pertinemment qu’il n’aura jamais assez d’une seule vie pour les lire tous. Oui, j’ai vraiment envie de lire chacun des livres que le moi-collectionneur achète par sac entier ! Donc je suis triste.
Parfois, quand s’achève la lecture d’un livre qui fait partie de la PàL, je me retrouve errant devant ces rangées de livres aux dos semblables. Et j’en prend un, au hasard, à cause de son titre, ou pour sa couverture.
Pour le coup, c’est Un monde si noir de Piet Legay qui a quitté son étagère.
Il va de soit que je ne connaissais rien de cet auteur, ni son existence, ni son œuvre, avant de faire cette chronique. Et il est plus que probable que je lise d’autres livres de sa main.
Car j’ai été super emballé par cette histoire, par cette quête interstellaire du héros, qui cherche à comprendre tout en cherchant la femme de sa vie qu’à peine croisée.
Le livre n’est pas dénué de quelques petites lourdeurs (trois fois rien) et de petites répétitions (idem).
Mais il est surtout écrit d'une façon bien prenante, avec quelques chouettes passages, pour tenir en haleine et donner envie de le dévorer d'une seule traite. C'est donc avec délectation que je me suis plongé totalement dans cette aventure haute en couleurs, du plus pure style space opera, avec ses vaisseaux qui filent dans l'espace, les risques de collision avec les astéroïdes, ses amitiés et ses inimitiés durables et sincères, ses trahisons et ses pièges dressés par l'homme...
Ce qui est fort, c'est le rebond incroyable dont jouis cette histoire. La découverte de ce fameux "monde si noir" qui nous transporte dans une toute nouvelle séquence et nous révèle une vision vraiment flippante de ce que pourrait devenir l'humanité dans un lointain futur.
La fin m'a cependant laissé un poil pantois, avec cet arrière goût de fin brutale, surprenante, mais le recul m'en a révélé une étrange note poétique qui confère à mon jugement final une touche particulière de grande satisfaction. Puis, le temps venu des recherches sur la toile me fait découvrir que cet ouvrage possède une suite. Ce qui me fait comprendre alors la soudaineté du mot fin... qui aurait dû être un à suivre !

Photo peut-être non libre de droits.
Merci de me contacter si tel est le cas !

Beaudouin Chailley (né en 1939 et décédé en 2023) a utilisé bon nombre de pseudos pour écrire dans différents genres tels l'anticipation, le polar et le roman de guerre. C'est sous le nom de Piet Legay qu'il a publié plus d'une cinquantaine de titres chez Fleuve Noir dans la collection Anticipation, mais aussi aux excellentes éditions Rivière Blanche chez qui les derniers titres parus sont toujours disponibles.

Un monde si noir, par Piet Legay (Cycle de Al & Loan, volume I)
Fleuve Noir, Anticipations N°1150
Illustration couverture : John Harris
Juin 1982. 188  pages
ISBN : 2-265-01978-2

(chronique rédigée en 2019, remise à jour à date de publication)