Office Général des œuvres, collection "Cœurs vaillants", 1934
France, langue française.
À Paris, on s’ennuie le jeudi, et l’été, ça n’est pas drôle ! Heureusement,
il y a les copains et le patronage. Justement, c’est au patro qu’est jouée Chantepie, la
pièce de Botrel qui raconte les aventures et les complots d'une famille à Malestroit durant le XVIe siècle.
Et ce qui est chic, c’est que la recette de cette représentation va totalement
financer les vacances des enfants, qui vont ainsi pouvoir partir en colonie.
Tous, sauf six d’entre eux, pour qui il n’y a pas de place.
Heureusement,
le bon Robert Larcher, étudiant en droit, se porte volontaire pour s’occuper d’eux. Il
réussit même le tour de force de leur trouver un séjour en Bretagne, à
Malestroit justement, non loin du château. Pour les jeunes garçons va alors
débuter une formidable aventure, pleine de mystère, de rebondissements, de suspens,
mais aussi de frayeurs dues à la légendaire dame blanche qui semble hanter les
lieux…
Voici un livre d’aventure sacrément prenant !
Je
dois avouer avoir pensé rédiger cette chronique juste pour avoir un prétexte au partage de la magnifique couverture avec vous. Et puis finalement, j’ai pris un
tel plaisir à lire cette histoire que cette chronique est devenue évidente.
Bien,
pour débuter, resituons-nous dans le contexte. Édité dans les années trente et
écrit par un homme d’église, ce livre aux épaisses pages jaunies fleure bon le
passé, cette époque qu’a connu nombre de nos parents, incluant mon
propre père. Je n’ai pu m’empêcher, tout au long de la lecture, de me sentir
dans la peau d’un gamin d’antan. Allongé sur mon lit, j’ai dévoré ce roman que
j’aurais pu trouver sur les rayonnages de la petite bibliothèque du patronage
qui, entre deux bibles et la collection complète de la vie des saints,
proposait sans doute quelques volumes de ce genre, écrits dans le respect de
l’éducation d’alors. Les pages regorgent de ces bonnes intentions propres à ce
type d’ouvrage, inculquant au détour d’un paragraphe les fondamentaux de la
charité et du partage, du dévouement et de l’entraide, de la force qui
sommeille en nous et se réveille quand il s’agit de sauver ses copains. Des
évidences à l’époque, mais ces valeurs sont tellement peu répandues aujourd’hui
qu’elles paraissent désuètes, comme appartenant à une société si ancienne
qu’elle semble à jamais disparue.
Ce
qui constitue l’intérêt du présent livre, c’est la qualité d’écriture de son
auteur. Même si les ficelles de l’intrigue sont assez classiques, il n’en reste
pas moins que la construction est tellement parfaite que le suspens, distillé
de main de maître, nous tient en haleine jusqu’à la fin.
Comme
vous pouviez vous en douter, point de fantastique, d'irrationnel en ce récit. Il est bon de rappeler qu’il est écrit par un abbé, pour divertir les enfants
des patronages. Il s’agit ici d’une enquête, dont le dénouement révèle - attention SPOILER ! - la machination élaborée par un homme désireux de
toucher l’héritage de son pupille, allant jusqu’à tenter de le tuer, sous
couvert de cette légende locale de la dame blanche. Ce qui est formidablement
beau, c’est que ce tortionnaire pourtant prêt à toutes les infamies
pour arriver à ses fins, retourne soudain sa veste au point de sauver lui-même
sa victime, avant de rentrer dans les ordres ! - fin du SPOILER - Eh oui, n’oublions pas à
qui était destiné ce livre, tout de même…
Je
sais que personne ne lira jamais cette histoire. Ce livre fait partie des
bonnes surprises que nous réservent les vides greniers : des trucs
vieillots, introuvables, qui font le régal des amateurs de nids à poussière et
autres savanturiers. J’ai bien conscience que personne n’ira vérifier la véracité
de mes propos quant à la qualité de conteur de cet abbé Henri Guesdon.
Pourtant, même s’il ne s’agit pas là d’un chef-d’œuvre absolu, si le hasard
vous fait trouver ce livre sur un rayonnage ou au fond d’un carton, délestez
vous de la poignée d'euros qu’il vous coûtera. Ne serait-ce que pour la petite
cure de jouvence que procure la lecture de cette aventure…
Henri Guesdon, "M'sieur l'abbé Guesdon" pour les jeunes du patronage du XIVe arrondissement de Paris, fut certes homme d'église, mais aussi écrivain, homme de théâtre et cofondateur du journal Cœurs Vaillants - premier journal pour la jeunesse à avoir publié Tintin en France ! - Sous son pseudonyme Pierre Rougemont, il a écrit bon nombre de livres pour la jeunesse et des pièces de théâtre jouées partout dans le monde. Pour en savoir un peu plus, lisez cet hommage rédigé pour les 50 ans de sa mort.
La dame blanche fut publié en feuilleton dans le journal Cœurs Vaillants entre 1929 et 1930.
Voici quelques couvertures glanées sur le web, sur le site consacré à la revue.
Voici quelques couvertures glanées sur le web, sur le site consacré à la revue.
1er numéro, avec le premier épisode de la dame blanche |
N° 28 |
La dame blanche, par l'abbé Henri Guesdon
Office général des œuvres, librairie l'école, collection "cœurs vaillants"
Illustration couverture : Raymond de la Nézière
Illustrations intérieures : Piro
Office général des œuvres, librairie l'école, collection "cœurs vaillants"
Illustration couverture : Raymond de la Nézière
Illustrations intérieures : Piro
1934. 189 pages
ISBN : -