jeudi 13 novembre 2014

La chambre aux maléfices, par J. Patton Smith

Haute tension, spectres - Hachette, 1985

États-Unis, langue anglaise, traduction langue française.



Lisa Emery, jeune fille de 16 ans, voit ses parents se déchirer jour après jour.
C’est pourquoi sa mère décide de l’envoyer vivre chez une grand-tante qu’elle connaît à peine, mais qui est le dernier membre de la famille susceptible de pouvoir accueillir sa fille. Un moyen pour les parents de faire le point, et de picoler tranquille loin du regard de leur enfant.
Laissant derrière elle ses amis et ses souvenirs d’enfance, Lisa arrive dans la froide et lugubre maison de sa grand-tante Nikki, où elle loge dans la chambre de bonne, non loin de la cuisine. C’est que la maison est grande, et seules trois pièces sont chauffées… Sa chambre a cependant la particularité de donner sur la maison voisine, et c’est à l’une des fenêtres de cette bâtisse tout aussi lugubre qu’elle aperçoit la silhouette d’une fille de son âge, qui bientôt lui fait signe de la rejoindre.
Ainsi fait elle la connaissance de Marie Worthington, qui a l’air un peu fofolle, et dont les goûts musicaux tant que cinématographiques sont absolument désuets, hors du temps. Mais très vite elles se lient d’amitié, malgré l’interdiction formelle promulguée par sa grand-tante de se rendre dans cette maison qu’elle prétend habitée par un vieux fou.
Elle fait aussi la connaissance de Greg, un jeune homme du coin, qui va lui raconter le drame vécu par la famille Worthington il y a plusieurs décennies de cela.
De plus, Lisa découvre bientôt la vraie personnalité du vieux fou d’à côté, qui lui raconte sa version des faits, et lui fait prendre conscience des esprits qui hantent les lieux…
À son corps défendant, Lisa se retrouve alors transportée dans le temps, pour revivre inlassablement cette date fatidique du drame. Cela lui permettra finalement de venir en aide à sa nouvelle amie, de découvrir le coupable, de libérer les âmes prisonnières du temps, et soulager les lieux de ses terribles souvenirs… et ainsi se réconcilier avec sa grand-tante Nikki, avec qui elle n’avait eu jusque là que des rapports conflictuels.

La lecture de ce volume est plus qu’agréable. Certes, le texte souffre parfois de maladresses, mais l’histoire est tellement prenante – même si on devine très rapidement qui tient le rôle des vivants et celui des… morts – qu’on fait très vite abstraction de ces faiblesses.
Il y a un petit paragraphe qui revient souvent, comme une rengaine, ou plutôt un leitmotiv. Même s’il est d’un ton plutôt joyeux, il confère à cette histoire une certaine mélancolie, glissant vers une tristesse absolue à mesure qu'on avance dans le récit. Et je trouve ce procédé plutôt bienvenu dans ce genre de littérature.
Autre point positif : le coupable reste inconnu jusqu’à la fin, et des petits passages ambigus, placés au bon moment, viennent semer le doute de façon magistrale quand on pense avoir compris. Ce qui fait qu’on se laisse mener ainsi au bout sans s’en rendre compte…
Bien, basiquement, nous avons à faire ici à une histoire de fantôme et de possession somme toute assez classique. Mais encore une fois, la narration bien menée sait nous tenir en haleine jusqu’au dénouement. Et comme j’adore les histoires de fantôme et d’âmes maudites, j’ai beaucoup aimé !
Alors oublions un instant les canons littéraires, ainsi que le type de lectorat visé par cette collection : nous avons ici un livre plutôt bien écrit, une intrigue rondement menée, pour un moment de lecture plaisant qui laisse de bons souvenirs. Et je pense, ma mémoire étant parfois soumise à des soubresauts de vaillance, que ce titre faisait partie de ceux que j’avais lus dans ma jeunesse, et qu’il m’avait déjà laissée une petite empreinte plutôt positive.
Au-delà du drame, noyau de ce récit, il y a aussi et surtout une vengeance et un amour hors du temps, qui viennent étoffer une histoire dont on a du mal à se sortir, pour passer aux frivolités futiles de la vie réelle…

A propos de l'auteur, et bien pas grand chose à dire une fois de plus, seulement qu'elle semble n'avoir écrit qu'un seul autre livre, inédit en France, The Ghost in the Swing en 1973...

Bonus, la couverture originale qui en dit bien plus sur le contenu du livre que la couverture française... :

Quatrième de couverture :
En gravissant lentement les marches du perron, Lisa songea soudain aux paroles angoissées de sa tante :
 "La maison d'en face est habitée par un vieux fou solitaire et dangereux. Surtout, ne t'en approche jamais. JAMAIS !"
Poussée par une force obscure, Lisa franchit néanmoins le seuil de la sinistre demeure.
Elle s'apprêtait à faire un inquiétant voyage dans le passé, au risque de ne jamais en revenir...



La chambre aux maléfices, par Janet Patton Smith
Hachette, collection haute tension - spectres N° 213
Traduction de Philippe Rouard
Titre original : The Twisted Room, collection Twilight : where darknees begins #12
Illustration couverture : Jean-Jacques Vincent

Novembre 1985. 160 pages

ISBN : 9782010113246

La chambre aux maléfices est ma seconde chronique pour la collection "Haute Tension" .
Lire aussi : "Cercle infernal"

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