lundi 15 septembre 2014

Sólstafir

Season of mist, 2014 pour Otta

Islande, musique, rock atmosphérique, post-rock métal

Otta - Dernier album en date, 2014
J'aurais certainement pu trouver maintes occasions de vous parler de ce groupe, mais il s'avère qu'aujourd'hui, je suis toujours dans l'attente de la réception de leur nouvel album, et que l'état fébrile dans lequel cette attente me plonge ne peut s'arranger qu'en écoutant leur précédent opus. Et écrire mon article.
J'aurais peut-être pu me fendre d'un premier billet, voire d'une chronique, à la suite de cette courte nuit de sommeil durant laquelle, comme il m'arrive parfois de le faire, je surfais sur la toile, allongé dans mon lit à la recherche de nouveautés musicales. Plusieurs noms défilèrent, quelques liens furent suivis, les titres choisis aléatoirement n'étant que rarement écoutés jusqu'à la fin... Pour enfin tomber sur la vidéo de ce groupe, Sólstafir, dont les images me transportèrent à nouveau dans ce pays qui m'a volé il y a plus de deux ans une partie de mon âme.
Je ne le savais pas encore, même si je le devinais déjà : la graine était plantée, semence de ces passions qui croissent comme de la mauvaise herbe, mais que l'on entretient de peur de les voir dépérir, même quand elles s'avèrent vigoureuses. Le cœur avait battu plus fort, les yeux n'avaient quasiment pas clignés pour ne pas perdre une seconde des beautés sauvages islandaises, quant aux oreilles, elles étaient restées grandes ouvertes tout du long, pour qu'y s'immisce ce miel à la saveur encore inconnue...
Sept minutes plus tard, toujours allongé dans mon lit, je restais comme paralysé, encore parcouru par ces frissons de bonheur qui font hérisser le poils et chavirer les sens, stupéfié de ce que je venais de vivre. J'appuyais à nouveau sur la petite flèche lecture de la vidéo, pour cette fois fermer les yeux, et partir, par la force seule de la musique, vers cet univers nouvellement découvert.
Je devais confirmer, j'essayais de comprendre, je voulais valider l'impression première qui, comme le veux l'adage, s'est avérée la bonne : je venais de faire LA découverte !


Quelle ne fut pas ma joie, quelques semaines plus tard, de découvrir que ce groupe était programmé pour le Hellfest ! Je m'étais vu offrir un billet pour les trois jours, et le temps passant, mon impatience croissait... Le jour J arrivé je me tenais sous le chapiteau, fatigué des heures furieuses passées à engranger du gros son, mais excité par l'idée de les entendre en live. Le show démarra, et même si la foule dense m'empêchait d'être plus proche, je savourais. Il y avait dans l'air cette électricité unique,  entrainant le public en cette communion extraordinaire, et provoquant cette inexplicable sensation de bonheur qui me laissa pantois, perplexe, transcendé, mais comblé, devant la scène quelques minutes encore après la fin. Je n'étais pas le seul... Un souvenir impérissable, sans doute le meilleur moment vécu durant ce week-end qui en connut bien d'autres ! (Arte a eu la bonne idée de publier ce concert sur la toile). C'est ce deuxième rendez-vous marquant qui aurait put être le nouvel inspirateur d'une chronique... Mais il ne le fut pas.

Sólstafir, donc, est un groupe venu de cette terre de glace et de feu, cette île dont on ne connaît la véritable beauté, et dont on ne prend réellement conscience, que lorsqu'on en foule le sol : l'Islande.
Ce pays des contrastes par excellence, où il faut parcourir des dizaines de kilomètres au milieu des champs de lave pétrifiée couverts de mousses pour mériter la découverte, toujours époustouflante, de cascades démesurées, de champs bouillonnants exhalant leurs odeurs soufrées, d'étendues verdoyantes aux reliefs si particuliers... Un pays unique, une nature unique, une aventure unique...
Il me semble nécessaire de vous faire comprendre l'importance de cette origine. Car cette chose - ce sentiment étrange que provoque l'Islande quand on la visite, qui habite le cœur de ceux qui en tombent amoureux, et qui est aussi fort qu'inexplicable - cette magie spécifique, Sólstafir l'a, à mon goût, retranscrit dans sa musique.
Les minutes planantes durant lesquelles les guitares nous transportent sont à l'image des plaines immenses, ces longues étendues de lave, ces déserts qui s'étirent sur des kilomètres, mais qu'on ne se lasse pas de parcourir. Il y a ces soudaines envolées de guitares bâtissant des parois immenses que l'on est surpris de surmonter sans peine, pour atteindre des sommets inconcevables. Ou encore ces martèlements puissants de batterie, dignes des plus grandes irruptions volcaniques, qu'une basse appuyée vient soutenir sans faille... Puis ces chants qui se déversent en cascades, aux eaux puissantes, pourtant limpides, et qui nous mènent par les ruisseaux vers la mer... Pour nous laisser, extatique, échouer sur les rives de sable noir, heureux d'un tel voyage.
Cette musique, classée dans un genre atmosphérique post rock, métal (puisqu'il faut tout bien classer, ma p'tite dame !) est pourtant... inclassable ! Et c'est pour ça que ce groupe est unique. Selon les dires de ma tendre moitié, il y a des consonances de musique gothique, à la Fields of the Nephilim, mais n'ayant que peu de connaissance en la matière, je lui fais confiance.
Photo par Bowen Staines, (c) 2014

Aðalbjörn Tryggvason à la guitare et au chant, Sæþór Maríus Sæþórsson à la guitare, Svavar Austmann à la basse et Guðmundur Óli Pálmason à la batterie, voici les quatre musiciens au look tout droit sortis d'un western spaghetti de Sergio Leone qui forment Sólstafir. Le groupe existe depuis presque vingt ans déjà, et n'a quasiment pas changé de membres (seul le bassiste du début, Halldór Einarsson, est parti avant l'enregistrement du premier disque). D'abord plus proche d'un métal pur et dur, leur musique dérive bientôt pour aboutir à ce son typique, unique, exceptionnel qu'est le leur aujourd'hui. Le succès va croissant, la presse est enthousiaste, et le public aussi. C'est donc une véritable consécration qui fait suite à la sortie de leur quatrième album Svartir Sandar en 2011... Toujours plus de scènes, toujours plus d'éloges, une visite remarquable (et remarquée) au Hellfest de 2012, puis en 2014... Succès qui ne semble que croître avec la sortie de ce nouvel album Otta (que je n'ai toujours pas reçu !!), et le classement fulgurant de ce dernier en tête des charts européens ! Et comme un bonheur ne vient jamais seul, surveillez de près la tournée qui devrait avoir lieu en début d'année prochaine, beaucoup de villes françaises auront le plaisir de les accueillir !
Svartir Sandar - 2011
En guise de conclusion, je ne peux que saluer le grand Kim Holm, artiste responsable des magnifiques illustrations de l'album Svartir Sandar. Doué d'un talent incroyable, son œuvre peut être admirée sur son site perso. Et je vous invite à promptement découvrir ses excellentes adaptations lovecraftiennes Pickman's Model et Memory (on ne se trouve pas par delà les montagnes hallucinantes innocemment !). Mais je reviendrai sans doute un jour sur cet artiste incontournable de la scène métal et de l'univers lovecraftien !

Maintenant, précipitez-vous, nul besoin d'aller voir ici ou ailleurs si les albums sont en écoute gratuite (car ils le sont), mais achetez les. C'est le meilleur moyen, je vous le rappelle, de faire vivre les artistes qui vous apportent l'unique et indispensable plaisir de la musique...

Discographie :
- Til Valhallar (1996) - EP
- In blood and spirit (Í Blóði og Anda) (2002)
- Black Death (2002) - EP
- Promo 2004 (2004) - EP
- Masterpiece of bitterness (2005)
- Köld (2009)
- Svartir Sandar (2011)
- Otta (2014)

Liens :
Site officiel du groupe / Facebook / Twitter / Season of mist

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