dimanche 4 mai 2014

Tekeli-li, par The Great Old Ones

Les acteurs de l'ombre, 2014

France, Musique, Post-Black-Metal.

 

 

Je ne suis pas fou.

Je souhaite juste aujourd'hui prévenir le monde des horreurs indicibles que cette nouvelle expédition dans l'univers sombre de ce groupe pourrait libérer dans l'esprit de son auditeur.

Non, je ne suis pas fou.

Je les ai entendues, ces longues envolées de guitares implacables, forme nouvelle de ces musiques impies que devait jouer Erich Zann dans son grenier, face à sa fenêtre ouverte sur le néant. Je les entends encore, ces chants hurlés à la face du monde, distillant toute l'horreur vécue par les protagonistes en antarctique face à la vision infernale, la découverte macabre des corps déchiquetés laissés dans le campement par d’innommables créatures...

Elles résonnent toujours en moi, les charges lourdes d'une basse impeccable, et les heurts d'une batterie sonnant comme mille canons. Mon être tout entier vibre encore, tant il est secoué de ces jouissances démentes, procurées par ces sons venus d'outre-espace...

Que n'avais-je été prévenu, cependant, de l'addiction puissante qu'allait provoquer en moi la découverte de ces indicibles secrets. Oui, la musique des Great Old Ones est une chose magnifiquement sombre, une de ces trouvailles que l'on fait un jour, en sachant qu'elle nous accompagnera pendant  longtemps.


The Great Old Ones (TGOO pour les intimes) est un projet sur lequel travaille Benjamin Guerry (chant / guitare) depuis 2009. Sa rencontre décisive avec Jeff Grimal (chant / guitare) en 2011 confirme son envie de pousser plus loin ce projet, qui se concrétise avec l'arrivée de Xavier Godart (guitare), de Sébastien Lalanne (basse) et de Léo Isnard (batterie). Dès le premier album, Al-Azif  (terme arabe qui fait référence aux hurlements des démons dans le désert, et qui est le nom original donné au livre maudit de l'arabe fou Abdul Al-Hazred, le Nécronomicon), qui sort en 2012, The Great Old Ones rencontre un succès plus que mérité. Le deuxième album, Tekeli-li donc, ne fait que confirmer ce que l'on sait déjà : Les Great Old Ones sont des grands. Des très grands !



Quand un groupe sort un premier album aussi bon que Al-Azif, il est attendu au tournant avec son second. Mais douter à-priori de la qualité de Tekeli-li, le nouvel opus de The Great Old Ones, par principe primaire et éculé, aurait été un affront.

Avec le talent qu'ont ces musiciens bordelais, il est tout bonnement impossible de faire moins bien. On peut au minimum faire aussi bien. Mais force est de constater que, même si Al-Azif était un incroyable album, Tekeli-li va bien au delà de tout ce que l'on pouvait espérer, par delà les montagnes hallucinantes, par delà l'excellence !

En vérité, il m'est difficile de poser concrètement les idées qui se bousculent dans mon crâne, inspirées par l'écoute en boucle de ce disque, pendant des heures, de jour comme de nuit. Il m'est difficile de retranscrire fidèlement ce que j'ai envie de vous hurler, amis lecteurs, pour vous faire comprendre combien ce groupe est un des plus importants de la scène musicale actuelle.

Oui, certains diraient que les non-amateurs de métal pourraient passer leur chemin. Ils peuvent toujours. Mais ils se priveraient d'un moment d'intense bonheur que seul les chefs-d’œuvre sont capables de provoquer...

Alors The Great Old Ones étaient attendu au tournant, et ils ont parfaitement maitrisé le virage, en se permettant même de passer la vitesse supérieure sans faire de tête à queue.


Tekeli-li, quel drôle de nom, me direz-vous ? Les amateurs de Lovecraft, comme de Poe, l'auront cependant reconnu. C'est le cri poussé par des sauvages dans le seul roman écrit par Edgar Allan Poe les aventures d'Arthur Gordon Pym. En guise d'hommage, et parce que les montagnes hallucinées de Lovecraft est une suite aux aventures de Gordon Pym, "Tekeli-li" devient le cri des Shoggoths, ces créatures de la cité extraterrestre éveillées par les membres de l'expédition de l'université de Miskatonic.

Et parce que ce deuxième opus des Great Old Ones, le meilleur groupe lovecraftien que cette fichue planète ait porté, a pour inspiration cette histoire du maître de Providence, il était fort judicieux, et bien vu, que l'hommage se perpétue.

 

Mais l'album, alors ? Et la musique ?

Et bien le début de cette chronique vous l'aura fait comprendre: c'est du lourd, du bon.

Certains titres sont écrits en français. Non chantés, ils content l'histoire de l'expédition, ou introduisent certains autres morceaux. Les autres sont chantés, d'une voix grunt, typique au genre métal, d'une maitrise absolue.

Voici, brut de brut, les titres de l'album:

 - Je ne suis pas fou

- Antartica

- The Elder Things

- Awaening

- The Ascend

- Behind the Mountains

Ne manquez pas d'aller jeter une oreille sur le site bandcamp des acteurs de l'ombre, qui distribue l'album. 

Mais surtout, faites vous plaisir, achetez le CD, ou le double vinyle magnifique. Voyez plutôt :

 

http://www.lesacteursdelombre.net/productions/v2/?post_type=product 

Je suis pour ma part l'heureux propriétaire du coffret CD N° 114 sur 150, incluant un exemplaire des montagnes hallucinées de Lovecraft agrémenté de magnifiques illustrations de Jeff Grimal qui, non content de jouer incroyablement de la guitare, sait manipuler le pinceau avec brio !
Oui, car c'est à lui que l'on doit les magnifiques pochettes de The Great Old Ones ! Allez visiter son site pour vous en rendre compte par vous même !

Et puis voici, pour conclure, les liens vers le site officiel du groupe et leur page Facebook

Je ne suis pas fou.
Non.
Je ne suis pas fou...

Tekeli-li, par The Great Old Ones.
Guitare/Chant/Paroles : Benjamin Guerry
Guitare/Chant/Art: Jeff Grimal
Guitare : Xavier Godart
Basse : Sebastien Lalanne
Batteries : Léo Isnard 
Enregistré par Cyrille Gachet.
CD, ou double LP, les acteurs de l'ombre.
16 Avril 2014

1 commentaire:

  1. Ce serait un réel dommage que de ne point se plonger dans les abysses de ces accords torturés en noyant son regard dans les fresques cauchemardesques de Jeff Grimal, chose impossible avec de la musique dématérialisée ! Il est donc nécessaire, voire vital, de posséder le disque de polycarbonate et d'aluminium !

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