jeudi 30 novembre 2023

Jour des morts, par Thomas Cervion

Fleuve noir, Spécial Police - 1953

France, langue française.



Maxime Servin est un peintre talentueux, connu et reconnu, vivant de son art dans la ville de Toulon. Il a la quarantaine et a la chance d'être l'époux d'une magnifique femme aimante de dix ans sa cadette, dont il est fou amoureux en retour, et ce depuis le premier jour.
Sa vie, il la partage entre son atelier, son foyer et la maison de ses amis qu'il aime rencontrer.
D'ailleurs, il vient de les quitter, après les avoir invités à venir en soirée pour admirer sa dernière œuvre : un portrait de son épouse qu'il juge lui même magnifique.
Quelle n'est pas sa stupeur de retrouver sa maison vide à son retour ! Vide de celle qu'il aime, qui lui a laissé un mot d'adieu dans lequel elle l'informe de sa décision de partir avec un autre homme.
Commence alors son inéluctable descente aux enfers...

Je pioche encore une fois au hasard de ma collection de polars made in Fleuve Noir qui, jusqu'à présent, ne m'a jamais déçu. Une fois de plus, je me suis laissé tenter par l'ancienneté du livre et sa toujours magnifique couverture d'un autre temps signée Michel Gourdon. Et ce qui m'a fait de l’œil pour le coup, ce sont les croix du cimetière qui, avec ce visage de femme endeuillée, illustrent parfaitement le titre (même si la lecture nous montrera qu'il n'y a ni mystérieuse veuve éplorée ni cimetière...).
L'histoire débute par cette visite du héros chez ses amis, qui prend congé d'eux en les invitant à venir admirer sa dernière croûte en fin de journée. Puis - comme relaté en introduction - la découverte du mot de celle qu'il aime et la chute de cet homme pourtant heureux, jouissant d'un bonheur matrimonial qu'aucune ombre ne semblait devoir ternir.
Oui, la trame est classique : un homme trompé, bafoué, abusé qui va vouloir tout faire pour se venger de son épouse qui l'a quitté. Oui, mais...
Après ces quelques pages nous décrivant son déclin, sa femme revient, tout en repentir, et le héros se félicite de n'être pas allé trop loin. Oui, mais...
Car il y a bien un nouveau oui, mais... qui cette fois, après ce qui n'était qu'une petite bousculade, précipite définitivement Maxime dans le gouffre sans fond de l'horreur.
Il se trouve embarqué dans une histoire hallucinante de trafic, de tromperies, de double-jeu.
Il boit, pour calmer ses nerfs.
Il perd totalement le goût à la peinture.
Devient un salaud, abusant de la gentillesse de la femme de son meilleur ami.
Il boit, encore, pour toujours essayer de calmer ses nerfs mis à rude épreuve.
Tu. De sang-froid. Machiavélique assassin, qui pourtant a conscience du mal.
Cache les corps. Aide la police dans l'enquête sur la disparition de son épouse.
Bois. Bois pour essayer de ne plus trembler. Bois encore, toujours, toujours trop.
Abuse de la confiance de son meilleur ami après avoir abusé de sa femme.
Devient maître chanteur.
Sombre dans ce que l'âme de l'homme a de plus odieux, de plus ignoble. Ne ressent plus aucun remords.
Pour se trouver confondu par un mort qui, finalement, n'est pas du tout mort.
Ne peut alors échapper à la police, à la justice... et s'en échappe pourtant, par la seule voie possible...
L'auteur nous offre ici un livre d'une noirceur extraordinaire, dans lequel il nous dépeint cette chute phénoménale d'un monsieur tout le monde. Personnage banal qui pense maîtriser le cours des événements qui, inéluctablement, le pousse à commettre crime sur crime. Et qui termine comme il se doit, au fond de l'impasse dans laquelle il s'est enfoncé au fil des pages.
Un livre - un de plus ! - qui fait honneur à la qualité des œuvres proposées par cette collection, que je vous invite à découvrir ou à redécouvrir.


Thomas Cervion (1921 / 2003), de son vrai nom Louis Thomas Cervioni était un écrivain de polars prolifique, qui a remporté le fameux pris du Quai des Orfèvres en 1957 et le prix Mystère de la critique en 1976. Jour des morts est son premier roman, le seul publié chez Fleuve Noir, (il a été réédité chez Denoël depuis). Signant aussi sous les pseudonymes de Louis C. Thomas (le plus connu) ou plus simplement Louis Thomas, il fut scénariste de nombreux épisodes du feuilleton télévisé Les cinq dernières minutes.

Jour des morts, par Thomas Cervion
Fleuve Noir, collection Spécial Police N°41
Illustration couverture : Michel Gourdon
3éme trimestre 1953. 221 pages
ISBN : néant

Jour des morts est ma cinquième chroniques pour la collection « Spécial Police » de Fleuve Noir.
Lire aussi : Plainte contre X, Jusqu'au sixième cercle, Les croix de cires, Y'a bon San Antonio,

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