mercredi 13 août 2025

De main morte, par Serge Laforest

Fleuve noir, Spécial Police - 1960

France, langue française.


Blessé à la tête par un officier nazi lors du siège de Bastogne, le soldat Taft Dahlgren souffre de pertes de mémoire et de troubles psychiques. Jeune homme riche et séduisant, il a épousé la belle Evelyn avant la guerre qui, elle, semble désormais n'avoir plus d'intérêts que pour sa fortune. De retour au pays, hanté par d'horribles cauchemars le renvoyant nuit après nuit sur le champ de bataille, il est soigné par le docteur Helmut Weeg, et est rejoint par un vieil ami d'enfance, Preston Ogilvie, venu apporter son soutien.
Lors d'une promenade en solitaire sur la plage, Taft sauve Penny Romer des mains de loubards tentant d'abuser d'elle. Lui, délaissé par son épouse et elle, jeune veuve, vont de suite tomber amoureux l'un de l'autre.
C'est alors que se fait jour une sourde et machiavélique machination lorsque Floyd Kenway, un détective privé un peu louche, lui fait des révélations choquantes.
Qui cherche à faire perdre la boule à Taft ? Est-il, comme le prétend ce détective privé cupide, trompé par son épouse ? Est-il vraiment traité par son médecin ou ne fait-il pas, lui aussi parti du complot ? Et surtout, est-il, comme il le pense, condamné à l'asile ou lui reste-t-il une chance de rémission ?
Aidé de Penny et de l'inspecteur Peter Jackson, Taft va chercher à comprendre et dénouer les ficelles de cette conspiration avant qu'elle n'ait raison de sa raison.


Bastogne, terrible bataille des Ardennes belges de décembre 1944, durant laquelle l'armée américaine assiégée par les nazis vit la perte du tiers de ses soldats, avant que les renforts ne lui portent secours. Le personnage principal en réchappe, mais gravement blessé à la tête. C'est cette blessure et surtout les pertes de contrôle et les hallucinations qui vont permettre à Serge Laforest d'écrire les plus belles pages de ce roman.
Sous couvert d'un complot qui cherche à faire flancher son protagoniste afin que sa fortune parte en d'autres mains, l'auteur va réussir à nous parler des horreurs de la guerre, en de courts passages forts et magnifiquement écrits qui ne laissent pas indifférent.
Des passages parfois bien plus terrifiants que ceux que l'on peut trouver dans son roman Les hommes de fer sorti en 1964 et traitant entièrement d'une autre guerre, celle de 14/18.
Car ils sont dus aux réminiscences cauchemardesques de son héros, ajoutant à l'horreur des batailles une vision délirante d'un homme blessé au bord de la folie.
Au surplus, les passages dont je viens de parler restant rares, le fait que ce roman soit captivant lui permet de n'être lâché qu'une fois terminé. Vous pouvez donc - mais ai-je vraiment besoin de le dire ? - noter ce Laforest sur la liste des polars à lire.


Photo peut-être non libre de droits.
Merci de ma contacter si tel est le cas !

Serge-Marie Arcouët (18 mars 1916 - 28 janvier 1983) était un écrivain nantais prolifique, qui a utilisé plusieurs pseudos durant sa carrière. C'est sous celui de Terry Stewart qu'il se fera connaître : sur les conseils de son ami Thomas Narcejac, il propose son roman La mort et l'ange à Gallimard pour publication dans la fameuse collection "Série Noire". Bingo, ce roman devient le premier d'un auteur français édité dans cette prestigieuse collection (même si Serge Arcouët n'y est mentionné que comme traducteur, subterfuge malin qui brouille les pistes) et remportera un colossal succès.

Mais c'est sous celui de Serge Laforest qu'il écrira le plus, avec pas moins de 80 volumes pour la collection Espionnage et 35 pour la collection Spécial Police au sein de la fameuse maison d'édition Fleuve Noir.


Pour en savoir plus sur cet incroyable auteur, précipitez-vous sur cet excellent article ! (même si je ne désespère pas d'écrire une petite bio pour le présent blog... un jour !)

De main morte, par Serge Laforest
Fleuve Noir, collection Spécial Police N°231
Illustration couverture : Michel Gourdon
3e trimestre 1960. 219 pages
ISBN : néant

De main morte est ma septième chronique pour la collection « Spécial Police » de Fleuve Noir.
Lire aussi : Plainte contre XJusqu'au sixième cercleLes croix de ciresY'a bon San AntonioJour des morts, Un enfant de chœur

mardi 5 août 2025

Cynthia devant la mort, par Terry G. Stewart

Le Portulan, la mauvaise chance - 1947

France, langue française.


Cynthia Bowland est une jeune fille de 24 ans, propriétaire du domaine Ocklawaha Grange en Floride et héritière de la large fortune de son défunt père. Cette fortune, mais aussi son grand cœur et son incroyable beauté font qu'elle attire une poignée de prétendants qu'elle accueille de façon quasi permanente. Il y a Bruce Kennedy, officiellement son fiancé, gros buveur et pas très fufute, qui est accompagné de sa tante Katryn Doole, coureuse de dote cassante et aigrie d'une cinquantaine d'années. Il y a ensuite Roydon "Roy" Kendall, peintre reconnu de cinquante-trois ans, ami de la famille de longue date, qui connaît Cynthia depuis qu'elle est toute petite et qui, même s'il s'autopersuade qu'il ne ressent que de l'amour paternel, ne reste pas insensible aux charmes de la jeune fille. Quant à Nigel Orson, flambeur et détesté de tous, il vient de mourir des suites d'un empoisonnement long et méthodique à l'arsenic.

Pour mener l'enquête, débarque sur le domaine (mais aussi dans la vie de Cynthia) le jeune inspecteur Anson Wadham, de la brigade criminelle de Dallas, détaché dans la région. Les interrogatoires parfois informels, les inimitiés, les coups de poing, mais aussi les sentiments forts et insoupçonnés vont mettre en difficulté le travail de l'enquêteur, qui aura toutes les difficultés du monde à découvrir qui, parmi ces suspects qui ont tous une raison valable d'en vouloir au défunt, a de façon méthodique et machiavélique empoisonné la victime...


Cynthia devant la mort est le premier roman publié par Serge Arcouêt, sous le pseudonyme de Terry G. Stewart, même s'il use de son véritable patronyme en tant que traducteur (subterfuge malin qui permet de faire passer un texte écrit par un de leurs compatriotes auprès d'un lectorat français qui ne jure alors que par le polar américain !), lui accolant même par souci de crédibilité un titre en anglais, Death has many Faces !

Comme il s'agissait du tout premier roman jamais publié par cet auteur, je m'attendais, pour être honnête, à un texte un peu vert, voire très classique, car sans doute "copié" sur ses pairs Anglo-saxons. Et bien, braves gens, amis lecteurs, amies lectrices, j'ai été plus que surpris par la qualité de ce roman. Et encore, surpris est un peu léger : j'ai été totalement bluffé !

Terry G. Stewart (on va l'appeler comme ça, c'est plus simple) propose ici un roman incroyable, dont la construction intelligente - les chapitres sont écrits à la première personne, du point de vue de chacun des protagonistes - fait de cette première œuvre un véritable "page turner" comme on dit en perfide Albion.

On pourrait me targuer de mauvaise foi, de parti pris, de condescendance, bref de toutes ces petites choses que l'adoration que je voue à cet auteur pourrait provoquer... Il n'en est rien ! Ce livre est vraiment, sincèrement, excellent. Il est déjà riche de l'écriture unique et poétique de Serge Arcouët, de cette plume qui transforme un livre "de gare" en véritable œuvre littéraire. Vous ne me croyez pas ? Et bien, allez donc goûter à sa prose !

En guise de conclusion, je me dois de parler de la grande tristesse que la lecture a provoquée au plus profond de l'amoureux des livres que je suis : ce roman vieux de 78 ans (!), malgré une manipulation attentive et une attention particulière, a physiquement un peu souffert. La reliure a flanché, séparant les pages en deux blocs, et la couverture a perdu quelques bribes de matière, laissant les stigmates du temps qui passe en ses coins et tranches. Je pleure, mais il a su dans sa souffrance prodiguer les plaisirs intenses que le lecteur que je suis attendait de lui. Voilà, ça va mieux en le disant !


Photo peut-être non libre de droit.
Merci de ma contacter si tel est le cas !

Serge-Marie Arcouët (18 mars 1916 - 28 janvier 1983) était un écrivain Nantais prolifique, qui a utilisé plusieurs pseudos durant sa carrière. C'est sous celui de Terry Stewart qu'il se fera connaître : sur les conseils de son ami Thomas Narcejac, il propose son roman La mort et l'ange à Gallimard pour publication dans la fameuse collection "Série Noire". Bingo, ce roman devient le premier d'un auteur français édité dans cette prestigieuse collection (même si Serge Arcouët n'y est mentionné que comme traducteur, subterfuge malin qui brouille les pistes) et remportera un colossal succès.

Mais c'est sous celui de Serge Laforest qu'il écrira le plus, avec pas moins de 80 volumes pour la collection Espionnage et 35 pour la collection Spécial Police aux seins de la fameuse maison d'édition Fleuve Noir.
Pour en savoir plus sur cet incroyable auteur, précipitez-vous sur cet excellent article ! (même si je ne désespère pas d'écrire une petite bio pour le présent blog... un jour !)

Cynthia devant la mort (Death has many Faces), par Terry G. Stewart
Le Portulan, collection la mauvaise chance N°24
Illustration couverture : 
3ème trimestre 1947. 253 pages
ISBN : néant

lundi 21 juillet 2025

La barque des morts, par Jason Dark

Haute Tension, collection Spectres John Sinclair - Hachette

Allemagne, langue allemande, traduction en langue française.



Gene Ferguson
, conservateur d'un petit musée d'art égyptien situé en plein cœur de Londres, vient de disparaître, alors qu'il venait tout juste de demander de l'aide à Jason Dark... Son petit musée semble hanté !

A son arrivée, Jason Dark retrouve le corps sans vie du gardien et doit faire face à son assassin, qui n'est autre que la statue d'Anubis sous sa forme de chacal, qui a pris vie et a égorgé le pauvre Gene Ferguson...

Après avoir appelé la police criminelle, Jason Dark descend dans les caves du musée pour y retrouver, enfermé dans une caisse, l'égyptologue James Barkley, qui a importé la statue d'Anubis, seule statue véritable du musée qui ne contient quasiment que des copies. Il était là pour évaluer la qualité de ces dernières quand Gene Ferguson l'a sans doute pris pour un cambrioleur, l'a roué de coups et enfermé dans la caisse. Il ne croit pas Jason Dark quand il lui raconte les faits, surtout quand il lui apprend que la statue a pris vie!

Sur le Nil, un pêcheur du nom de Sadir et son fils Ghamal, se voient contraint de remettre à l'eau toute leur pêche : les poissons sont malades, invendables. Ghamal raconte alors qu'il pense avoir vu la barque mortuaire d'Anubis. Sadir mal à l'aise remonte sur le pont pour y découvre avec effrois que, sortant des eaux sombres du fleuve, une momie est en train de grimper dans sa felouque...

John Sinclair, Pang Lim et le professeur Barkley se retrouvent alors en Égypte pour aller voir le mastaba dans lequel la statue et un parchemin ont été découverts. Ils sont sur un bateau de croisière qui descend le Nil pour s'y rendre.

La felouque de Sadir et Ghamal rentre en collision avec le bateau. Le père a été tué par la momie et le fils a sauté à l'eau. Il est recueilli un peu plus loin, quand la barque mortuaire aperçue peu avant et qui poursuivait le bateau des pêcheurs aborde le bateau de croisière ! Bien entendu, elle passe à travers ce dernier, car c'est un vaisseau fantôme. Elle est plus tard découverte sur le pont, et le sarcophage du grand prêtre maléfique Per-nio (!) est vide. Des momies envahissent alors le navire.

John Sinclair et le professeur sont contraints de monter sur la barque mortuaire (mais pas Pang Lim, qui n'intéresse pas le prêtre ! Sympa...)

Du coup, une fois la barque mortuaire partie à destination du mastaba avec son équipage, Pang Lim vole un bateau de secours motorisé et part à leur poursuite. En route, le jeune pêcheur Ghamal (qui s'était accroché aux cordages, car il veut venger son défunt père) embarque dans son bateau.

Lors de la confrontation finale, la momie de Per-nio, très bavarde et vraiment trop gentille, raconte toute son histoire à John Sinclair ! Juste avant, la barque atteint le mastaba dans lequel elle pénètre. Alors que John et le professeur sont emmenés dans les ténèbres, le mastaba se referme sur eux ...


Ah, là, là... Si vous ne m'arrêtez pas, je vais vous raconter tout le bouquin, moi, à cette allure ! Faut m'le dire, hein, parce que sinon, vous n'allez plus avoir besoin de le lire, alors que mes chroniques de John Sinclair vous donnent toujours envie de lire les livres derrière.

Si, si, inutile de le nier.

Bon, je dois vous avouer que le passage des deux pécheurs dans leur felouque qui se font aborder par la momie sortie des eaux sombres est vraiment bien écrit et vaut, à lui seul, l'effort de lire ce bouquin.

Autre aveu, et vous allez m'en vouloir trèèès fort : je commence sérieusement à prendre goût aux aventures de John Sinclair. Parce que je me suis rendu compte que ce dont souffraient principalement ces histoires, ce sont leurs traductions. Alors, pour vous faire plaisir, j'ai maintenant sur mes rayonnages la quasi-dizaine de volumes sortis chez Fleuve Noir (de meilleure facture niveau langue française) et plusieurs dizaines de fascicules en allemand que je vais me faire le plaisir de lire pour vous et ce blog !

Alors, hum ? Heureux ?



Jason Dark, pseudo pas si obscur que ça de l'écrivain allemand Helmut Rellergerd, est le créateur de John Sinclair, chasseur de spectres. Sa série qui compte  aujourd'hui plus de 2400 titres, est adaptée en version audio et connait une carrière internationale incroyable. Une petite visite sur ce site germanique vous fera comprendre l’ampleur de cette série mythique.

Bonus momifié, la couverture originale allemande, au bon goût parcheminé :
 

Quatrième de couverture :
Je sentis soudain une présence dans la pénombre du musée, comme si les statues des dieux s'animaient d'une vie lugubre.
Je déplaçai lentement le faisceau de ma lampe, et tout à coup mon geste se figea.
Ferguson gisait sur le sol !
Cet homme était le seul qui pouvait m'aider à percer le mystère. Malheureusement, il ne parlerait plus jamais. Il ne me restait qu'à reprendre cette étrange affaire de fantôme depuis le début...

La barque des morts, par Jason Dark
Hachette, collection Haute Tension – Chasseur de Spectres N° 224
Traduction de Alain Royer
Titre original: Anubis-Wächter im Totenreich
Illustration de couverture : Jean-Jacques Vincent
Octobre 1986. 154 pages
ISBN : 9782010115783
 
 
La barque des morts est ma quatorzième chronique pour la collection "Haute Tension"  (eh oui...)

Un enfant de chœur, par Serge Laforest

Fleuve noir, Spécial Police - 1956

France, langue française.


Billy Sands est professeur de Mathématiques dans une école du Queens aux États-Unis. Il sait qu'un petit groupe de ses élèves aime à faire des caricatures de lui en classe, mais celle qu'il trouve tombée au sol ce jour-là, le représentant dévêtu dans une position plus qu'explicite en compagnie d'Helen Davy, professeur de lettres et future fiancée, le met dans une colère noire. Découvrant que l'inspiration vient d'un "cartoon book", une brochure pornographique achetée pour quelques cents à la sortie de l'établissement, Billy décide de ne pas sanctionner les jeunes. Mais, comme il déteste la pornographie qui détourne la jeunesse de la bonne éducation qu'il essaye d'inculquer, il décide de prendre un congé pour infiltrer - avec l'accord et le soutien de son ami, Charley Briggs, lieutenant du FBI - le gang qui imprime et vend à la sauvette ces infâmes brochures. Car Billy, sous ses airs d'enfant de chœur, est un dur à cuire.

Durant ses observations et filatures, qui lui feront prendre bon nombre de coups de poing et pour lesquelles il sera à deux doigts de laisser sa peau, il se détache d'Helen Davy pour se rapprocher de plus en plus d'une chanteuse de cabaret qui lui prouvera que le monde, surtout celui de la pègre, est petit.

Mais réussira-t-il à mener cette (en)quête presque impossible, lui, un simple professeur de Maths face à des caïds de la pire espèce ? 


Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas plongé dans le Fleuve Noir et quoi de mieux pour s'habituer à sa température (très chaude), que de nager en eaux sûres, celle de Serge Laforest, cet auteur que j'aime tant. Même s'il m'arrive de fréquenter régulièrement son agent secret Gaunce qui sévit dans les pages de la collection Espionnage (dont je ne vous ai toujours pas entretenu ici, mais ça ne saurait tarder !), j'ai encore préféré piocher au hasard et suis tombé sur cet enfant de chœur.
Je vous avoue, ça fait du bien de retrouver ce style qui est bien plus travaillé que le laisseraient paraître les préjugés de cette collection. Même si l'écriture de Laforest pour ce roman souffre d'un léger essoufflement, tant dans le rythme que la trame. Voilà un professeur qui se substitue à la police locale (et même au FBI) pour aller se frotter à la pègre locale sans aucun autre prétexte que celui de protéger la morale et les bonnes mœurs de ses chères petites têtes blondes à qui il enseigne les mathématiques. Il ne venge pas un frère assassiné, ou une fiancée bafouée, non, non. Il protège des garnements qui ont eu le toupet, en plus, de le dessiner à oualpé avec sa future fiancée en train de jouer la bête à deux dos ! Et ce, au péril de sa vie (dont la couverture de la réédition (plus bas) illustre bien le passage de sa petite baignade forcée dans les eaux froides locales).
On retrouve dans ce livre, qui reste malgré tout très agréable à lire (je le précise, pour les esprits chafouins qui penseraient que je me suis ennuyé), les poncifs du genre. Car ne nous voilons pas la face : cette guerre menée contre les crapules qui vendent sous le manteau des livrets pornos à de jeunes pioupious est bien prétexte à bastons, filatures, coups de feu, gorilles patibulaires, tenanciers véreux, pépés pleines de bonnes volontés et sainte-nitouche qui se révèle cheffe de gang. Cette histoire est surtout l'occasion pour l'auteur de nous servir quelques belles diatribes anti-pornographie pas piquée des hannetons, digne d'un curé ou d'un père la pudeur. Je n'ai pas creusé le sujet, mais j'aimerais savoir quelle était la place de la pornographie dans le quotidien des Français de l'époque, deux ans avant que les lois de censure ne soient abrogées en notre beau pays. Comme j'aurais aimé savoir s'il s'agissait pour l'auteur de simple littérature ou d'une foncière prise de position sur le sujet traité.
Nous avons donc droit avec un enfant de chœur à un récit somme toute assez classique dans sa forme (même le twist final ne m'a pas surpris !), agréable à lire, mais qui s'avère n'être pas le roman le plus inspiré de son auteur.
Photo peut-être non libre de droits.
Merci de ma contacter si tel est le cas !

Serge-Marie Arcouët (18 mars 1916 - 28 janvier 1983) était un écrivain nantais prolifique, qui a utilisé plusieurs pseudos durant sa carrière. C'est sous celui de Terry Stewart qu'il se fera connaître : sur les conseils de son ami Thomas Narcejac, il propose son roman La mort et l'ange à Gallimard pour publication dans la fameuse collection "Série Noire". Bingo, ce roman devient le premier d'un auteur français édité dans cette prestigieuse collection (même si Serge Arcouët n'y est mentionné que comme traducteur, subterfuge malin qui brouille les pistes) et remportera un colossal succès.

Mais c'est sous celui de Serge Laforest qu'il écrira le plus, avec pas moins de 80 volumes pour la collection Espionnage et 35 pour la collection Spécial Police au sein de la fameuse maison d'édition Fleuve Noir.


Pour en savoir plus sur cet incroyable auteur, précipitez-vous sur cet excellent article ! (même si je ne désespère pas d'écrire une petite bio pour le présent blog... un jour !)

Un enfant de chœur, par Serge Laforest
Fleuve Noir, collection Spécial Police N°98
Illustration couverture : Michel Gourdon
2ème trimestre 1956. 218 pages
ISBN : néant

Chose plutôt rare chez le Fleuve Noir, ce livre a bénéficié d'une réédition avec nouveau numéro (le 1111) en 1974 et avec une nouvelle couverture, toujours signée de Michel Gourdon :


Un enfant de chœur est ma sixième chronique pour la collection « Spécial Police » de Fleuve Noir.
Lire aussi : Plainte contre XJusqu'au sixième cercleLes croix de ciresY'a bon San Antonio, Jour des morts

jeudi 30 novembre 2023

Jour des morts, par Thomas Cervion

Fleuve noir, Spécial Police - 1953

France, langue française.



Maxime Servin est un peintre talentueux, connu et reconnu, vivant de son art dans la ville de Toulon. Il a la quarantaine et a la chance d'être l'époux d'une magnifique femme aimante de dix ans sa cadette, dont il est fou amoureux en retour, et ce depuis le premier jour.
Sa vie, il la partage entre son atelier, son foyer et la maison de ses amis qu'il aime rencontrer.
D'ailleurs, il vient de les quitter, après les avoir invités à venir en soirée pour admirer sa dernière œuvre : un portrait de son épouse qu'il juge lui même magnifique.
Quelle n'est pas sa stupeur de retrouver sa maison vide à son retour ! Vide de celle qu'il aime, qui lui a laissé un mot d'adieu dans lequel elle l'informe de sa décision de partir avec un autre homme.
Commence alors son inéluctable descente aux enfers...

Je pioche encore une fois au hasard de ma collection de polars made in Fleuve Noir qui, jusqu'à présent, ne m'a jamais déçu. Une fois de plus, je me suis laissé tenter par l'ancienneté du livre et sa toujours magnifique couverture d'un autre temps signée Michel Gourdon. Et ce qui m'a fait de l’œil pour le coup, ce sont les croix du cimetière qui, avec ce visage de femme endeuillée, illustrent parfaitement le titre (même si la lecture nous montrera qu'il n'y a ni mystérieuse veuve éplorée ni cimetière...).
L'histoire débute par cette visite du héros chez ses amis, qui prend congé d'eux en les invitant à venir admirer sa dernière croûte en fin de journée. Puis - comme relaté en introduction - la découverte du mot de celle qu'il aime et la chute de cet homme pourtant heureux, jouissant d'un bonheur matrimonial qu'aucune ombre ne semblait devoir ternir.
Oui, la trame est classique : un homme trompé, bafoué, abusé qui va vouloir tout faire pour se venger de son épouse qui l'a quitté. Oui, mais...
Après ces quelques pages nous décrivant son déclin, sa femme revient, tout en repentir, et le héros se félicite de n'être pas allé trop loin. Oui, mais...
Car il y a bien un nouveau oui, mais... qui cette fois, après ce qui n'était qu'une petite bousculade, précipite définitivement Maxime dans le gouffre sans fond de l'horreur.
Il se trouve embarqué dans une histoire hallucinante de trafic, de tromperies, de double-jeu.
Il boit, pour calmer ses nerfs.
Il perd totalement le goût à la peinture.
Devient un salaud, abusant de la gentillesse de la femme de son meilleur ami.
Il boit, encore, pour toujours essayer de calmer ses nerfs mis à rude épreuve.
Tu. De sang-froid. Machiavélique assassin, qui pourtant a conscience du mal.
Cache les corps. Aide la police dans l'enquête sur la disparition de son épouse.
Bois. Bois pour essayer de ne plus trembler. Bois encore, toujours, toujours trop.
Abuse de la confiance de son meilleur ami après avoir abusé de sa femme.
Devient maître chanteur.
Sombre dans ce que l'âme de l'homme a de plus odieux, de plus ignoble. Ne ressent plus aucun remords.
Pour se trouver confondu par un mort qui, finalement, n'est pas du tout mort.
Ne peut alors échapper à la police, à la justice... et s'en échappe pourtant, par la seule voie possible...
L'auteur nous offre ici un livre d'une noirceur extraordinaire, dans lequel il nous dépeint cette chute phénoménale d'un monsieur tout le monde. Personnage banal qui pense maîtriser le cours des événements qui, inéluctablement, le pousse à commettre crime sur crime. Et qui termine comme il se doit, au fond de l'impasse dans laquelle il s'est enfoncé au fil des pages.
Un livre - un de plus ! - qui fait honneur à la qualité des œuvres proposées par cette collection, que je vous invite à découvrir ou à redécouvrir.


Thomas Cervion (1921 / 2003), de son vrai nom Louis Thomas Cervioni était un écrivain de polars prolifique, qui a remporté le fameux pris du Quai des Orfèvres en 1957 et le prix Mystère de la critique en 1976. Jour des morts est son premier roman, le seul publié chez Fleuve Noir, (il a été réédité chez Denoël depuis). Signant aussi sous les pseudonymes de Louis C. Thomas (le plus connu) ou plus simplement Louis Thomas, il fut scénariste de nombreux épisodes du feuilleton télévisé Les cinq dernières minutes.

Jour des morts, par Thomas Cervion
Fleuve Noir, collection Spécial Police N°41
Illustration couverture : Michel Gourdon
3éme trimestre 1953. 221 pages
ISBN : néant

Jour des morts est ma cinquième chroniques pour la collection « Spécial Police » de Fleuve Noir.
Lire aussi : Plainte contre X, Jusqu'au sixième cercle, Les croix de cires, Y'a bon San Antonio,